Au Bonheur des Dames
Emile Zola
Titre : Au Bonheur des Dames
Auteur : Emile Zola
Date de publication : 1883L'histoire
«
Denise était venue à pied de la gare Saint-Lazare, où un train de Cherbourg l'avait débarquée avec ses deux frères, après une nuit passée sur la dure banquette d'un wagon de troisième classe. Elle tenait par la main Pépé, et Jean la suivait, tous les trois brisés du voyage, effarés et perdus au milieu du vaste Paris, le nez levé sur les maisons, demandant à chaque carrefour la rue de la Michodière, dans laquelle leur oncle demeurait.»
Denise Baudu, jeune fille orpheline âgée de vingt ans, arrive à Paris avec ses deux frères cadets, Jean et Pépé, suite au décès de leur père, les laissant ainsi orphelins. Là, ils retrouvent leur oncle, Baudu, un petit commerçant tenant Le
Viel Elbeuf, un magasin de tissus, et vivant avec sa femme, sa fille, ainsi que quelques autres personnes à son service. Celui-ci avait proposé, un an auparavant de les accueillir si le besoin s'en faisait sentir. Mais depuis l'envoi de la lettre, la situation de la famille Baudu a bien changée : les ventes se font de plus en plus difficile pour les petits commerçants suite à l'ouverture du
Bonheur des Dames, grand magasin vendant toutes sortes d'articles à un moindre prix, en face de la petite boutique. Leur oncle Baudu, comme de nombreux autres commerçants, voue une haine viscérale à ce grand magasin qui leur "vole leur clientèle et les ruine". Cependant, Denise doit trouver du travail pour subvenir aux besoins de ses frères ainsi qu'aux siens. Après plusieurs demandes infructueuses, il ne reste plus qu'une seule possibilité pour la jeune femme : postuler au
Bonheur des Dames, où elle découvre l'envers du décor du luxueux magasin et la dure vie que mène les employés, en perpétuelle lutte pour prendre la place de leur supérieur et évincer leurs rivaux...
Les PersonnagesDenise Baudu
Héroïne de l'histoire, elle est décrite comme chétive, ayant le visage trop long, les cheveux blonds. Elle est très maternelle envers ses deux frères, se préoccupant de leur bien-être avant le sien. La jeune fille peut paraître très naïve au début de l'histoire, ne connaissant rien à la vie en ville, ayant vécut toute son enfance à la campagne, mais fait preuve d'une détermination qui la pousse à donner le meilleur d'elle-même, souvent pour gagner son salaire et permettre à ses frères de vivre confortablement.
Suite à la mort de leurs parents, Denise se fit la promesse de ne jamais se marier pour continuer à veiller sur ses frères, ce qui peut expliquer qu'elle ne se soit pas mariée à Valognes, son département d'origine qu'elle partage avec Deloche.
Jean Baudu
Frère cadet de Denise, il possède des cheveux roux frisés et une peau éclatante ainsi qu'une "beauté de fille". Il ne cesse de séduire des jeunes filles, ce qui l'amène souvent à demander de l'argent à sa soeur aînée, que cela soit pour satisfaire un caprice de son aimée ou pour acheter le silence d'un témoin compromettant. Il travaille en tant qu'ouvrier et ne voit donc qu'assez rarement sa soeur, hormis pendant les périodes où le besoin financier se fait sentir.
Pépé Baudu
Benjamin de la fratrie Baudu et âgé de cinq ans, il possède une chevelure d'un blond d'enfance et reste continuellement dans les jupes de sa soeur. C'est le frère dont la prise en charge cause le plus de problème à Denise, car devant être gardé durant son travail.
Octave Mouret
Dirigeant du
Bonheur des Dames, c'est un jeune veuf multipliant les rencontres sans lendemain et ayant la folie des grandeurs. L'organisation du magasin, les baisses de prix, la plupart des initiatives viennent de lui et lui permettent d'atteindre son but : pousser le client à dépenser le plus possible. Il entretient une liaison avec Henriette Desforges qui lui fera rencontrer le baron Hartmann.
Baudu
Vieux commerçant dirigeant la boutique
Le Vieil Elbeuf, il voue une profonde aversion au
Bonheur des Dames, coupable de lui voler sa clientèle ainsi que de les mener, lui et sa famille, à la ruine. Oncle de Denise et de ses frères, il a également une fille, promise à son commis, comme l'exige la "tradition".
Clara Prunaire
Deloche
Hutin
Henriette Desforges
Jouve
à éditer...Mon avis...Mon avis...Pour ma part, j'ai tout simplement adoré ce livre. Je ne trouve pas d'autres mots pour exprimer ce que m'inspire ce livre. C'était tout simplement... génial.
Tout d'abord, je pense que c'est avant tout le cadre qui m'a séduite : fin du IXX° siècle, époque du Second Empire, apparition des grands magasins dans Paris comme "le Bon Marché"... Bref, une époque où les changements se sont enchaînés assez rapidement. Et je trouve qu'Emile Zola a su très bien capturer cette image de la France en plein changement. Ce livre a donc deux intérêts principaux : à la fois de dépeindre le pays et sa société à cette époque, mais aussi de nous raconter une histoire tout à fait plausible pour une meilleure compréhension de la vie que l'on menait à cette époque.
Ensuite, il s'agit sans doute du point de vue omniscient, qui est très bien utilisé. Il nous permet de comparer la vie de chacun, leur mentalité, leur attitude, bref, de nous offrir tout un panel de personnages différents les uns des autres. Je pense que c'est un des principaux points forts du roman.
Pour terminer, je dirais, et peut-être que certains ne seront pas d'accord avec moi, que l'ambiance du récit contribue aussi à séduire le lecteur : d'un côté, il y a le rêve, les grands magasins, le décor toujours plus somptueux, la vie luxueuse qui s'offre à ceux qui dirigent, et de l'autre, la réalité pour les petits commerçants et ceux qui sont au bas de l'échelle dans le fonctionnement du magasin. Denise se situe "à cheval" entre ces deux univers : sa famille est victime des grands magasins mais elle-même travaille au "Bonheur des Dames". Elle travaille dans un cadre somptueux mais elle dort au grenier, comme tous les autres vendeurs.
Je dirais donc pour conclure que "au Bonheur des Dames" est un livre avant tout pour ceux qui n'ont pas d'aversion pour les classiques et n'ont pas peur de lire des "pavés". C'est peut-être difficile à croire pour certains, mais l'équation "pavé"="dictionnaire"="ennuyeux" est fausse dans la plupart des cas. Je dirais même que les livres que j'ai le plus apprécié étaient les plus volumineux. Bref, ensuite il faut, à mon avis, ne pas avoir tendance à fuir l'Histoire comme la peste. Il faut tout de même avoir certaines connaissances au niveau historique, rien de bien méchant, seulement savoir ce qu'était le Second Empire, comment il fonctionnait et les grands changements qui se sont produits durant cette période.
Et à déguster pour ceux qui voudraient s'essayer aux classiques ;) !
Anju