Taquiner le soleil [Erika]

Sujet: Taquiner le soleil [Erika] Mer 9 Juin - 22:01

-'Plus mémé. Et n'oublie pas de lever un peu les yeux de ton clavier, ça arrive qu'on ait des clients, parfois~

La porte de la boutique claqua sous les jurons du carillon qui s'agitait au-dessus d'elle, emportée par le coup de vent qui sortait. Il faut dire que le soleil était déjà haut, et qu'il n'attendrait pas, cet impertinent, que Sakuya en ait fini avec lui pour courir vers l'horizon. Trainer n'était donc pas une option du programme du jour.

Programme qui consistait d'abord à courir le plus vite possible jusqu'à l'extrémité est d'Ikebukuro.
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-Tadadaaaaaaam! Je t'ai eu, stupide soleil!

Les passants se retournèrent sur leur passage à l'exclamation. Perchée sur une poubelle du trottoir, les bras levés brandissant son appareil photo et un sourire victorieux sur le visage, une frêle mais pourtant si énergique jeune fille s'agitait frénétiquement, fière d'un exploit aussi inconnu que sa fierté était incompréhensible. Et elle était tellement absorbée par son étrange manège que ni les sourcils froncés de certains regards dévisageant, ni les grognements réprobateurs ou les pouffements moqueurs qu'on entendait ça et là ne semblaient l'atteindre.
Le spectacle dura cinq bonnes minutes. La jeune femme redescendit ensuite de son perchoir, puis observa les curieux qui étaient encore penchés sur son cas avec une curiosité bête sur le visage, ne les remarquant que maintenant. Et, brusquement, ramena son objectif devant son visage, mitraillant les badauds qui reculèrent tous automatiquement sous l'assaut. Une fois satisfaite, elle s'inclina devant eux, et les planta là.

Sunshine City. L'un des lieux de travail favoris de Sakuya. Levant régulièrement les yeux, et l'appareil vers le ciel pour capturer un reflet de lumière sur une vitre d'immeuble, ou prendre un gratte-ciel en flagrant délit d'engloutissement de nuage, elle se reprochait de ne pas venir aussi souvent qu'elle le devrait pour honorer cet endroit comme il le faudrait. Quelques-uns des plus hauts toits de Tokyo, des avenues jamais vraiment désertes, une histoire à raconter et un enchaînement de superlatifs qui lui demanderait un effort de mémoire inutile pour s'en rappeler. Et tout ça à sa seule merci, car s'il n'était pas rare qu'elle soit observée, au détour d'un coin de rue, à travers les feuillages du parc qu'il abritait, on avait jamais ambitionné de dompter la grande Sunshine, ou du moins les téméraires qui tentaient ou avaient tenté l'aventure étaient soit de piètres concurrents, à l'image d'occasionnels touristes, soit héros d'autres temps, ce qui laissait le champ libre à ses humeurs conquérantes.

Après la réussite de la mission du jour, enfermer le soleil entre les silhouettes droites de deux buildings avant qu'il ne se hisse jusqu'à son trône, le point le plus haut du ciel, la photographe avait laissé libre court à l'envie et au hasard pour remplir le reste de la pellicule. La plupart des clichés seraient inutilisés, voire simplement inutilisables, mais c'était sa procédure habituelle, et de son point de vue la méthode la plus efficace comme le loisir le plus exaltant. Rien de tel que de se laisser aller dans les vagues de la foule, suivant une brise volatile ou s'arrêtant à la lisière d'une forêt de brins d'herbe humide pour s'attirer les faveurs de l'imprévu et être portée vers la vue la plus surprenante, la plus insolite ou la plus bouleversante. La chasse est une affaire de chance et de coïncidences, non?

Malgré la multitude de points de vue qu'elle voulait tester sur les bâtiments qui la surplombaient, à l'heure la plus chaude de la journée, rongée par une fatigue naissante, à s'essouffler dans la course aux images, Sakuya abandonna peu à peu les sommets de la ville pour en immortaliser les si périssables habitants. Avant de prendre conscience qu'il existait un lieu plus adapté que la rue pour témoigner de la vie des éphémères humains.
La course se prolongea jusqu'au Tobu Departement Store.
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Remettant l'exploration photographique proprement dite -consistant à ne laisser aucun recoin de l'endroit dans l'ombre- à un autre jour, Sakuya se concentra sur les premiers des vingt-et-un étages du centre commercial. Tous en eurent pour leur compte. Les affairés pressés qui passaient sans remarquer son flash, les désœuvrés avachis dans les cafés-restaurants, ceux qui regardaient, achetaient, parlaient, observaient... Jusqu'à la dernière photo de la dernière pellicule du stock.

Finie, la journée de travail sur le terrain. Une petite pause?
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Une fois son appareil rangé, on pourrait croire que le centre commercial perdait tout intérêt pour la jeune femme. C'était sans compter son esprit de travailleuse -travailleuse, vraiment?- zélée et passionnée, qui en avait constamment après sa chance pour dénicher sa destination du lendemain parmi l'infinité de choix qu'on offrait à son regard. Destination sur laquelle elle tomba lorsqu'elle hésita à aller se réapprovisionner chez le photographe local, craqua et sortit de l'échoppe, remise d'attaque.
En face d'elle, une boutique de mangas dont les rayonnages calmes et peu peuplés tranchaient avec la masse mouvante de la galerie marchande; destination parfaite pour une petite dernière.
La photographe acharnée n'eut pas besoin d'aller plus loin que l'entrée pour s'arrêter devant l'ultime sujet.

Plutôt mince, brune, ayant gardé son béret à l'intérieur du magasin, encombrée encore d'autres détails futiles aux yeux de l'observatrice puisqu'ils n'était que partie du décor de ce qu'elle voulait capturer: une main en suspens au-dessus de l'étalage et des yeux brillant devant le festin qu'on lui servait sans savoir par quel bout l'entamer. En se rapprochant on devinait l'hésitation dans les geste face au dilemme qui pendait au bout de ses doigts. Encore un pas... Et un autre... Parfait! Le flash fusa au cliquetis mécanique de l'appareil qui s'enfuit ensuite dans sa sacoche, aussi vite que s'il s'était volatilisé. Laissant sa propriétaire seule devant le sujet, dont elle s'était un peu trop approchée, et qui immanquablement l'avait remarquée.

-Euuh... Bonjour?

Le sourire puéril de l'enfant qui vient d'engloutir toute la boîte de cookies dans le dos de ses parents sera-t-elle une explication assez convaincante à sa conduite pour le moins singulière?

Sujet: Re: Taquiner le soleil [Erika] Jeu 10 Juin - 15:59

- Baka Yumacchi !

La laisser tomber ainsi en plein milieu d'une de leur journée d'Otaku-Shopping ! Le blond était parti sans même donner de raison, après avoir reçu un sms mystérieux... Ce n'est pas non plus comme si Erika lui avait posé de questions, ou qu'elle aie réellement essayé de l'arrêter. Elle avait juste croisé les bras et affiché sa plus mignone bouille boudeuse. Insensible à son charme kawaisime, le jeune homme avait déguerpi aussi vite qu'une étoile filante ! De toute façon elle se doûtait bien où il avait bien pu partir... Ces derniers temps il passait de plus en plus de temps avec une de ces jeunes filles d'un Maid-Café qu'il frequentait régulierement. Ils se donnaient rendez-vous sur son lieu de travail et partaient ensuite pour de longues après midi à se ballader en ville... Sans compter tous ces sms à l'eau de rose qu'ils s'envoyaient en permanence ! En les lisant, on se croirait presque dans un bon vieux shojos des plus classiques et banals ! Oui, bon, vrai, Erika espionnait Yumacchi et lui avait dérobé son portable pour regarder ses messages... Mais c'était sa faute, pour ne parler de cette demoiselle que de façon aussi évasive, la plongeant dans une curiosité insupportable à laquelle elle ne pouvait - et voulait - en aucun cas résister. Une fois, lorsqu'elle l'avait bombardé de questions, il lui avait posé une question avec son petit sourire espiègle qui l'avait quelque peu déstabilisé. Bien sûr elle ne l'avait en aucun cas montré à son ami...

- 'Suis pas jalouse... Juste curieuse... Baka Yumacchi !

En aucun cas elle ne serait jalouse de cette petite princesse blonde au physique si parfait et qui était si adorable en costume de Maid avec ses oreilles et sa queue de Neko... Erika était simplement énervé que cette gamine lui vole son compagnon de ballades dans Ikebukuro, l'obligant à rester seule dans ses aventures Otakiennes dans la quartier si agité de Tokyo. Pour la peine, elle ne lui preterait pas les mangas qu'elle avait acheté en son absence. Et elle ne lui en parlerait pas non plus.

La jeune femme jeta un dernier regard à son fond d'écran, une image du manga Kuroshitsuji qu'elle aimait tant, assorti à sa superbe sonnerie... Yumacchi lui avait mis La fille des enfers pour les deux, ce manga était vraiment très bien aussi, et il n'y avait rien d'étonnant à ce que le blond y soit si accro. Elle rabbatit le clapet du téléphone avec un petit soupire et regarda par la fenêtre de la grande voiture italienne de Togusa. Dotachin était assis à ses côtés, ils discutaient du prochain concert de Ruri Hijime, mais elle n'avait en rien écouté cette conversation. Elle aperçut non loin les rues et bâtiments de Sunshine City, et détacha sa ceinture.

- Ah, Togusa-san ! Dépose moi ici je fais le reste à pied !

L'homme obtempera aussitôt et arrêta la voiture dés qu'il pu, la regardant du coin de l'oeil sauté de son siège pour attérir doucement sur le trotoir. Avant qu'elle ne referme la porte, Dotachin se pencha en arrière sur son siège en la fixant de son habituel air neutre et désinteressé de tout ce qui l'entourait.

- Tu vas où ?

- Je ne te le dis pas sinon tu le diras à Yumacchi, qu'il se débrouille pour me chercher ! dit-elle avec son petit visage boudeur. Et puis j'hésite encore de toute façon, je verrais bien ! Ja ne !

Elle leur fit un signe de main et déguerpit, ignorant le lourd soupir de Togusa et le sourire amusé qu'afficha Dotachin à sa remarque. Redressant un peu son béret gris, elle regarda un instant autour d'elle en ralentissant le rythme de ses pas, se demandant par où elle devrait commencer ses recherches. Elle finit par errer sans but à travers les rues, passant par chacun de ses magasins de mangas préférés dont aucun n'affichait de nouveauté quelconque. Erika continua son chemin jusqu'à arriver dans un lieu où elle n'était passé que peu récemment, et qu'elle avait évité car il était en travaux et la poussière soulevée par le chantier ainsi que les bruits permanents étaient bien trop gênants et insupportables pour qu'elle s'y aventure sans bonne raison. Etonnée par l'absence de la mélodie de la perceuse habituelle, elle s'approcha d'un air curieux de la rue, juste pour jeter un petit coup d'oeil... Quelle ne fut pas sa surprise quand elle aperçut un magasin de mangas flambant neuf ! La vitrine était des plus alléchante, sans compter la superbe pancarte du nom du magasin, où était écrit sur un fond arc-en-ciel "Yume no Gaiden".

- Nyaaah ~ Merveilleux ! Vite vite il faut que j'en parle à Yuma...

Elle s'interrompit au milieu de sa phrase, portable en main, le fixant un instant d'un air hésitant. Elle le rangea ensuite rapidemment avec un petit "hmph", et entra dans la boutique sans plus tarder.

Le jardin des rêves... Quel nom approprié ! Ce petit paradis était des plus acceuillant, l'équipe était acceuillante et chaleureuse mais pas collante malgré le fait qu'elle soit la seule cliente présente pour l'instant. Les panneaux indiquaient précisément les différents genre de mangas, ainsi que les DVDs, figurines et autres goodies. Sans plus tarder, Erika s'élanca dans ce monde merveilleux. Après un petit passage rapide au rayon "Yaoi" où elle attrapa agilement de sa main experte quelques derniers tomes sortis de ses collections favorites, elle alla faire un tour chez les nouveautés des Shojos. L'étagère de ce mois-ci était bien pleine et regorgeait de petites merveilles ! Simplement elle n'avait plus assez d'argent que pour un seul autre manga... Après avoir longuement étudié les différentes oeuvres à sa disposition, il ne lui resta plus qu'à choisir entre deux ouvrages. Déchirée par ce choix qu'elle ne voulait pas prendre, la jeune femme garda sa main en suspent au dessus de l'étagère, réflechissant à toute vitesse en essayant de choisir...

Un flash et un cliquetis d'appareil photo vinrent aussitôt interrompre ses pensées. Clignant des yeux, elle se tourna vers la jeune photographe qui se tenait à ses côtés. Elle était d'apparence plutôt frêle, jeune, ses longs cheveux violets étaient attachés en d'interminables tresses et ses yeux bleus petillaient d'une malice qui nuisait étrangement à l'innocence du sourire de l'enfant. Elle ressemblait tellement à une héroine de manga qu'Erika fut aussitôt séduite par cette mystérieuse inconnue et son appareil photo.

- Euuh... Bonjour ?

- Bonjour ! Alors ça, tu arrives pile au bon moment, comme un ange tombé du ciel ! D'ailleurs ne serais-tu pas un ange, hm ?

Mains croisées derrière le dos, elle fit le tour de la jeune fille avec son petit sourire joueur et ses grands yeux noisettes curieux, puis laissa échappé un petit sourire déçu et attrapa la photographe par les épaules.

- Nope ~ Je ne vois pas d'ailes ! Viens par ici petit esprit frappeur j'ai besoin de ton aide !

Elle la guida doucement vers l'étagère devant laquelle elle s'était arrêté quelques instants plus tôt, et pris les deux ouvrages qu'elle plaça dans les mains de la fille. Elle commença ensuite à débiter ses explications d'un air très passioné, discours accompagné de gestes et d'expressions assez comiques, alors qu'elle lui racontait les histoires et son dilème pour les deux mangas : Dengeki Daisy et Kaichou wa Maid-sama.

[désolée pour la qualité je n'ai pas rp depuis un moment également ! j'espère que tu connais les mangas >'< sinon envoie moi un mp et je t'explique un peu !]

Sujet: Re: Taquiner le soleil [Erika] Sam 12 Juin - 16:38

[court court~ sinon ça risquait d'empiéter sur ce qu'il y a à dire après =X]

Un ange tombé du ciel. Elle n'en était peut-être pas si loin.
Un ange devenu simple humain errant dans le Paradis urbain.

Dur dur le retour sur terre. D'autant plus lorsqu'il impliquait une telle inversion des rôles. Après avoir accueilli Sakuya et son comportement bizarre le plus naturellement du monde, elle s'était mise à tourner autour d'elle, armée d'un redoutable regard inquisiteur... Ce qui n'était pas pour mettre à l'aise l'objet d'une telle curiosité. C'était au photographe, non à la cible de l'objectif, que revenait le privilège de se lancer dans ce genre d'examens d'ordinaire! Avant que la jeune femme ait pu protester, ou manifester autre chose qu'un étonnement extrême, le cours de sa pensée désordonnée fut interrompue par la fin de l'auscultation visuelle.

-Nope ~ Je ne vois pas d'ailes ! Viens par ici petit esprit frappeur j'ai besoin de ton aide !

Un coin de sa lèvre se releva irrésistiblement à ces mots tandis qu'on la tirait vers les étagères saturées de mangas.
Ses ailes pourtant, c'était une des premières choses qu'on remarquait chez Sakuya. Même son interlocutrice avait du les remarquer. Elles ne faisaient par décoller son corps vers le ciel mais avaient l'audace de défier le soleil, envoyaient son esprit à la frontière du réel et lui donnent le statut divin permettant de modifier le monde selon ce qu'elle avait envie d'y voir. Ses ailes étaient son regard et l'appareil leur prolongement, peut-être l'auréole sans laquelle elle n'était effectivement qu'un esprit frappeur, un lutin farceur.
Un rôle qui lui convenait aussi bien. La place d'ange lui était encore trop étroite, il fallait bien compléter par autre chose.

Donc, pour le moment elle laissait les couvertures luisantes, les couleurs et les visages danser sous ses yeux qui cillaient régulièrement, éblouis par l'abondance de choix comme surpris du problème qu'on leur donnait à résoudre. Et, trop peu concentrée pour faire fonctionner plusieurs sens à la fois, elle n'avait rien écouté des explications enthousiastes de sa compagne, occupée à fixer tour à tour l'étagère bondée et elle. Le spectacle aurait bien valu quelques flashs, mais elle avait rengainé son auréole.
Le mine songeuse, comme absorbée dans la réflexion intense qu'on lui demandait mais sans n'avoir que des courants d'air dans la tête, Sakuya saisit les deux objets du dilemme. Geste plus destiné à montrer qu'elle avait compris et qu'elle acceptait sa mission -juste refuser sous prétexte d'être une inculte en la matière et se séparer aurait été inintéressant au possible- qu'à aider sa décision.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, elle ne s'appuya pas sur la qualité du dessin et autres critères de même ordre. En fait, et c'est pourquoi il était rare de la voir un manga à la main -là aussi, la situation aurait mérité l'immortalité-, elle exécrait cette manie de toujours placer les décors, aussi somptueux puissent-ils paraitre, au rang déshonorant de simple cadre plutôt que d'en faire le centre du tableau. Elle savait pourtant que ce n'était pas le but de leurs auteurs, et se contentait de ne pas les lire. A qui cherche seulement à conserver les codes de la réalité pour se faire comprendre, elle préférait rester abstraite à essayer de donner vie au béton, de statufier les piétons et d'immobiliser le mouvement.
Quelques minutes à remuer ces pensées, et la photographe s'entendit lâcher, d'un ton plat, presque résigné:

-Eh baaaah~ Pour tout dire, j'aime autant les mangas que je déteste la photo, alors je pense pas faire bonne conseillère en la matière...

Sa voix resta en suspens, faute de mots pour continuer. Plus question de se dérober: l'idée de se quitter de cette façon la hérissait. On ne la verrait pas partir avant d'avoir éclairé au moins une petite partie de l'obscur inconnu qu'elle venait de rencontrer.
Il lui fallait donc une excuse, un prétexte à rester, et à faire rester la jeune fille. Ou, sans rester ici, rester ensemble. Rien n'est plus passionnant qu'un voyage dans la ville, accompagnée d'un autre regard auquel confronter le sien.
Cette dernière pensée lui inspira justement son plan d'urgence. De son air faussement sérieux émergea un visage illuminé.

-Ah! Je te propose plutôt de prendre les deux, s'il le faut je complèterai, et en échange...

Elle espérait en disant ça ne pas avoir rêvé la somme qu'il restait dans son porte-monnaie, tout à l'heure.

-...Tu vas bosser pour moi!

Clin d'oeil malicieux et sourire assorti accompagnèrent la déclaration. Ne manquait plus que l'aval de la brunette. Si elle acceptait, ce serait pour lui confier son regard.

Sujet: Re: Taquiner le soleil [Erika] Jeu 24 Juin - 0:44

La jeune fille à ses côtés semblait avoir accepté la lourde tâche qu'elle venait de lui confier : faire un choix pour elle. Cependant, alors qu'elle reflechissait en regardant les ouvrages, elle semblait un peu perdue, déconcertée, mais également peu intéressée. Pendant ce temps, Erika débittait ses arguments et premières impressions sur ces mangas qu'elle avait - bien sûr - déjà lu au préalable, plus pour elle même que pour quelqu'un d'autre d'ailleurs, car il était évident que la petite photographe ne l'écoutait pas. D'habitude elle aurait eu Yumacchi pour répondre à ses remarques, et relancer avec ses impressions et ses réponses plus ou moins fondées aux questions de la jeune femme, mais il n'était pas là. Tant pis pour lui, il manquait une rencontre intéressante, et un débat qui l'était également, bien entendu, puisqu'il parlait de mangas.

- ... et Usui-kun a vraiment l'air adorable, il suffit de voir la façon dont il est toujours là pour Kaichou-chan ! Mais Kurosaki-sama est si fort et si adorable et puis ~ Aaaah je ne sais vraiment pas lequel choisir ! Les histoires de Maid sont plus pour Yumacchi en général mais cet idiot n'est pas là alors tant pis pour lui ! Même s'il a l'air vraiment bien.... Mais peut-être que ... !

- Eh baaaah ~ Pour tout dire, j'aime autant les mangas que je déteste la photo, alors je pense pas faire bonne conseillère en la matière...

Erika cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Trois fois. AAAAAAH?!!! Comment pouvait-on ne pas aimer les mangas ?!! Impossible... Peut-être que la jeune fille était un extra-terrestre ? Elle en avait tout l'air ! Peut-être que cela ne se remarquait pas autant que pour Shizu-chan ou Celty-chan, mais rien n'était impossible... Peut-être était-elle quelqu'un comme Izaiza... Qui cachait bien ses secrets pour le premier venu, mais une simple conversation avec lui suffisait à dévoiler sa véritable nature... Oui, oui, ça devait être ça ! Cette petite n'était décidement pas normal ! Ne pas aimer les mangas... Rien que d'y penser, Erika sentit un frisson lui parcourir le corps. Elle récupéra les deux mangas et les fixa tour à tour, se demandant s'ils n'avaient pas été victime d'un mauvais sort pour pouvoir laisser une pareille impression sur la demoiselle... Mieux vallait ne plus y toucher... Elle les rangea précautionneusement sur l'étagère où ils reposaient habituellement, et se tourna vers la petite photographe. Le petit sourire de diablotin était revenu éclairer son visage alors qu'elle lui fit une proposition étrange... Lui payer des mangas en échange d'un chibi-job, hm ? ~ Tout ceci lui paraissait bien intéressant ! Que pouvait donc être ce travail qu'on allait lui confier ? Rien de bien extraordinaire surement, après tout on ne demande pas ce genre de chose à un parfait inconnu s'il s'agit de quelque chose d'important ! Du moins, les personnes censées ne le font pas ~ Et cette petite semblait assez intelligente pour ne pas s'y risquer. Piquée par la curiosité, Erika répondit au clin d'oeil par un sourire tout aussi espiègle, et l'attrapa par le bras, la conduisant au travers des rayons.

- Très bien très bien petit lutin ! J'accepte le pacte avec le diable, mais je change les conditions !

Elle lacha subitement le bras de la photographe et se hissa sur la pointe des pieds, parcourant les étagères d'une main rapide et experte avant de s'arrêter sur l'objet de sa recherche, un tout petit livre coincé entre deux autres, invisible de tous sauf des interessés, quiconque de moins passionné ne se serait même pas aperçu de son existence. Elle le prit délicatement, comme s'il s'agissait là du plus précieux des trésors, et le tendit à l'esprit frappeur à ses côtés. Sur la couverture, on pouvait aperçevoir une jeune fille, accroupie et recroquevillée sur elle même avec un sourire, et autour d'elle une miriade de photos qui semblaient danser à ses côtés. On pouvait, en gros, lire le titre sur le dessin : Dear Green.

- Je ne travaillerai pour toi que si tu lis ceci ! Après tu pourras déclarer vraiment si oui ou non tu aimes les mangas ! C'est sur la musique et la photographie ! Très beau, très bien illustré, c'est un one-shot donc en plus c'est facile et pas long à lire ! Sans compter que le prix est ridicule vu qu'il n'est pas très connu ! Dommage d'ailleurs c'est vraiment un manga super !

Erika lui mis le livre entre les mains et croisa les bras, attendant de voir si le marché tenait toujours. Tant pis pour ses mangas, elle reviendrai un autre fois maintenant qu'elle connaissait le lieu ! Et puis, d'après une de ses sources, un nouveau yaoi vraiment pas mal du tout allait sortir dans les jours à venir... Autant économiser un peu pour l'occasion !

clic

Sujet: Re: Taquiner le soleil [Erika] Jeu 29 Juil - 2:42

Sakuya crispa ses doigts autour du maigre tome qu'on lui avait mis dans les mains en comprenant qu'elle avait eu ce qu'elle voulait. Ses dents retenaient un irrésistible sourire en mordillant sa lèvre inférieure, ce qui donnait l'impression qu'elle réfléchissait encore à l'offre qui avait été d'office acceptée dans sa tête. Elle aurait en effet volontiers consenti à un effort autrement plus important que celui qui était exigé d'elle ici pour parvenir à ses fins. Son plan de secours pour prolonger la rencontre était devenu un objectif en soi, la seconde mission de la journée.

De peur que ses yeux ne la trahissent en brisant le suspens d'un éclat bien trop brillant dans ses pupilles, la photographe partit d'un grand éclat de rire. Sonore et cristallin, il cambra son dos et fit basculer sa tête en arrière, agitant sa tresse de soubresauts incontrôlés, pendant une bonne minute avant de la relâcher, essoufflée. A la fin, elle-même en vint à se demander pourquoi elle avait eu une telle réaction, mais la question finit dans un coin oublié de son esprit pour lui permettre de reprendre le fil de la conversation.

-Seulement ça? Et comment que ça marche ma fille, j'accepte et je respecterai les conditions, foi de petit démon~!

Comme pour annuler son coup d'éclat, qui semblait avoir réveillé en sursaut tous les rêveurs du "jardin", elle baissa la voix sur la fin de sa réplique, sans rien perdre de son enthousiasme cependant:

-Et puis, sait-on jamais, c'est toujours bon de remettre ses goûts en question... Ca ne serait pas moi si j'en étais pas capable!

Sur ces bonnes paroles et un hochement de tête entendu, la jeune fille devenue petite puce excitée se dirigea d'un pas décidé vers la caisse. L'instant d'après, elle faisait volte-face pour retourner auprès de la brunette... Et s'arrêta net, fixant tour à tour sa compagne et le petit ouvrage dont elle était désormais -l'heureuse?- propriétaire.

-Ah, au fait! Zut... C'est pas grave pour les autres? Ou alors humm... -commença alors un long monologue marmonné duquel elle ressortit, le regard de nouveau illuminé- Oui je sais! Si tu fais du bon boulot, je me noterai de venir te les prendre pour la prochaine fois. Ca ira?

Réconfortée par sa décision, elle n'attendit même pas la réponse pour enchaîner. S'il y avait un problème, on le lui ferait savoir tôt ou tard, non? Elle rangea donc sa nouvelle acquisition dans sa sacoche, en profitant du même temps pour en extraire son appareil. Là-dessus son sourire s'élargit plus que de raison, et elle se débarrassa de son outil de travail dans les mains de sa "collègue" du jour pour placer les siennes sur ses épaules, prenant un air à demi-sérieux tout à fait grotesque par-dessus son masque de fébrilité.

-Bon maintenant, ta mission. Tu vois, cet appareil, la pellicule dedans est encore vierge, y a juste la photo de toi de tout à l'heure. Eh bien je veux que... Tu me la remplisse!

Maintenant que la consigne était donnée, Sakuya lâcha prise et se recula légèrement pour guetter une réaction. Elle espérait s'être placée sur la bonne ligne de départ, pour que sa demande aboutisse. Jamais photos ne l'avaient plus passionnées que celles des autres. C'est pourquoi, à défaut de regarder celles qui existaient déjà, reflets de regards qu'elle avait déjà entrevus, depuis peu elle avait entrepris de proposer la chose à de parfaits inconnus, comme celle qu'elle avait en face d'elle en ce moment. Jusqu'à présent l'affaire n'avait pas été très fructueuse, mais cette fois elle ne lâcherait pas. Dût-elle se séparer de son précieux bien un moment, laissant le temps de la réflexion et de l'exécution à ces sortes de remplaçants -d'ailleurs elle se promit de le préciser à la jeune fille si le problème se posait-. Mais elle préférait tout de même rester dans l'ombre du photographe improvisé, si elle arrivait à en trouver un, appréciant son travail en direct et prolongeant le sien tout en veillant à ne pas influencer le résultat de l'expérience. Oui, c'était comme ça qu'elle imaginait aussi la suite de cette journée, qu'elle cherchait toutes les bonnes raisons qui pousseraient le destin à suivre ses désirs.

Mais pour le moment elle guettait juste un acquiescement, un signe que le temps de suspens -s'il n'était pas qu'un autre tour de son impatience- allait se terminer sur une bonne nouvelle, que sa chance ponctuelle allait durer...

Sujet: Re: Taquiner le soleil [Erika]