Interdiction Nocturne~ [PV : Bébé Blond aka Berryyyyy <3]

22h32, température largement inférieure à dix degrés. Réalité ou fiction ?

Errant entre les ruelles qui composaient le quartier d’Ikebukuro, Aiki Kuruma resserra le foulard jaune qui entourait son poignet, avant de le contempler. Cela faisait exactement deux semaines et trois jours qu’elle avait emménagé dans le quartier, et deux semaines et un jour qu’elle était rentrée dans le groupe pas si mystérieux que ça et surtout très voyant des Echarpes Jaunes. En y repensant bien, elle n’avait pas été d’une prudence extrême. Mais il fallait bien satisfaire le surplus de curiosité de la jeune demoiselle, non ?
Certes, une curiosité sans limite et une peur bleue de l’ennui ne justifiait en aucun cas une sortie nocturne. Mais il n’était pas nécessaire qu’elle fournisse une explication, si ? Qu’elle se justifie pour sortir…Non mais on aura tout vu !
Elle sauta par-dessus une barrière, afin de traverser la route qui la mènerait forcément quelque part. D’accord, le passage piéton se trouvait à deux mètres, mais pourquoi se fatiguer ? Ce n’était pas comme si les voitures affluaient les rues à cette heure-ci. Oui, à une heure pareille, c’était plus les voyous et les personnes les plus louches qui imposaient leur présence. Malheureusement.
Arrivée de l’autre côté, elle aperçu un groupe de sa couleur et leur adressa par réflexe un simple signe de la main. Ces derniers, en réponse, l’interpellèrent de la manière la plus rude du monde :

-Mam’zelle la nouveeelle, viens b…boire un coup avec n…nous !

Inutile de préciser qu’Aiki refusa aimablement l’offre. Ce n’était pas pour se saouler qu’elle avait quitté sa chambre très confortable. C’était sans compter le fait qu’elle avait entrevu des membres du gang de couleur bleu. Et connaissant le quartier, ceux qui faisaient partie de l’infâme groupe des Dollars ne devaient pas être loin non plus…
Elle poursuivit ainsi sa ballade nocturne, attendant que la route cesse d’exister. Où est-ce qu’elle pouvait bien mener ?

✘✘✘

Cela faisait maintenant cinq bonnes minutes que la jeune fille au cœur d’enfant était devant le portail miniature qui conduisait vraisemblablement au parc. Entrer ? Ne pas entrer ? De son point de vue, poser le pied dans ce parc serait une aventure comme une autre, et probablement la plus osée qu’elle n’aurait jamais imaginée…De moins jusqu’à ce qu’aventure plus risquée intervienne.
La raison de son hésitation ? L’immense chaîne qui verrouillait le portail, lui indiquant clairement que les heures de visite étaient passées et qu’il était nécessaire de faire demi-tour. Le portail était certes peu haut, mais elle ne souhaitait pas particulièrement tenter le diable et se casser de manière pittoresque un bras, une jambe ou pire : son coccyx.
La simple idée de ne plus pouvoir s’assoir à cause de son postérieur la fit frissonner. La honte qu’elle allait se devoir se taper ! Surtout qu’étant nouvelle, les rumeurs allaient se répandre deux fois plus vite…Quel malheur ! Pourquoi fallait-il que les nouveaux attirent autant d’attention ?!
Elle recula d’un pas, puis de deux, convaincue que ce n’était pas du tout une bonne idée.
Oui, entre curiosité et raison, la raison devait l’emporter, c’était logique.
Quoique…
Devait-elle dire non à l’aventure ? Elle ne se reconnaissait pas. Après tout, les interdits sont fait pour être bravés, non ?
Décidée, elle prit son élan et, s’appuyant sur le rebord, fit un saut digne du plus médiocre des athlètes. Son atterrissage avait été foireux, et elle s’était retrouvée avec des feuilles dans les cheveux, mais au moins, elle était dans le parc. Objectif atteint donc.
D’un pas feutré, elle s’avança doucement dans la pénombre qui enveloppait le parc, le cœur battant. Y avait-il, comme dans son village natal, des animaux de toutes espèces qui ne se montraient que la nuit ? Rien que d’y penser elle en était toute excitée, ses yeux devenant plus brillants à travers ses lentilles. Oui, ça commençait fort bien.

-Nyuuu, j’aurais p’tet dû amener une lampe de poche…et un manteau ! grimaça-t-elle en se frottant les bras.

Soudain, un bruit la stoppa totalement, coupant presque sa circulation sanguine. Elle se sentait pâlir : n’était-elle pas censée être seule dans ce parc ?

« Non, du calme…Un animal. Oui. Un animal. T’en as vu d’autres alors arrête de faire ta trouillarde et… »

-HYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!

L’horreur ! Pourtant, ce n’était que quelque chose qui venait de se poser sur son épaule ! Son réflexe de survie l’avait emporté sur le bon sens. Mais quelle idiote de crier !
Tournant légèrement la tête, elle parvint à discerner la forme d’une main humaine.
Elle serra son foulard jaune. Qui ?

Forbid...
.................................Why are you here ?

What the...Forbid ? Qu'est-ce qu'il se passait ? Fermé, même maintenant ? Normalement, ce cadenas ne devrait pas être là... Bah tant pis, une interdiction de plus ou de moins. Je ne devrais même pas être ici, mais dans mon lit. Le lycée m'attendait demain, et je n'avais fais aucun de mes devoirs. J'aurais dû prendre les cours de langues, au moins j'aurais pu me vanter de ne pas les avoir fait à cause de mon éducation passé. Mais il fallait dire que je ne devais pas me plaindre, avec mes enseignants à domicile, j'étais plus qu'en avance sur le programme des japonais. Les maths c'était dans la poche, pareil que pour le reste. J'avais donc le "droit" d'être ici. Bon, ce n'était pas une raison valable mais je m'en fiche ! Je ne suis pas Berry Kyoru pour rien ! Il faudrait d'ailleurs que je prenne un de mes deux autres prénoms pour pouvoir me faire un peu plus discret. Hideaki ça fait plus japonais, mais ça ne va pas avec mes cheveux blond et mes yeux vert... Pourquoi la population japonaise était à 80% cheveux noir et yeux marron ? C'est pas du tout original ! Tant pis... Puis Hope me va bien, mais si on commence à m'appeler Hope au lycée, ça va faire tout aussi bizarre que si on m'appelait crapaud baveux avec un français parfait. Pfff... C'est vraiment trop compliqué tout ça. Et en plus, pour en revenir à ça...Forbid. Tant pis, je grimperai s'il le faut ! Ce parc était bien un des seuls endroits où je pouvais laisser libre court à mon imagination pour des nouveautés chez Kyoru. Mais si c'était fermé.... Pas de problèmes après tout. Je pris une grande inspiration, recule de trois pas et, dans un saut digne des meilleurs, je sautais au dessus du portail pour atterrir sur mes deux pieds de l'autre côté. Réussit. Trop simple. J'abordais un sourire de victorieux, un sourire simple mais pas rassurant.

Après ce petit exploit dont je n'étais pas peu fier, mes pas me guidaient dans le parc, inconsciemment, je me laissais aller. Mes yeux se recouvraient petit à petit d'un voile blanc transparent. Je laissais mon esprit vagabonder où il voulait. Le vent était un peu plus fort que les soirées précédents, mais je n'en avais rien à faire. Dans mon état second, je ne sentais plus que les idées survoler ma tête, je les sélectionnais et enfin, je les mettais en pratique. Je ne faisais pas plus attention aux feuilles des arbres qui tombaient et volaient à côté de moi que du petit écureuil roux qui s'aventurait dans un quelconque trou de lapin. Les idées fusèrent dans ma tête, si j'avais eu mon agenda électronique ou mon portable, je les aurais toutes mémorisé, mais pourquoi faire ? J'avais un cerveau extensible jusqu'à pas de limites. Les avantages d'être Berry Kyoru.

Soudain, une chose m'arrêta dans mon élan, me m'étant de mauvaise humeur. J'avais horreur d'être dérangé pendant un coup d'inspiration. Il vouait une forme humaine. Quelqu'un d'autre ? Forbid... Pourtant le portail était bien fermé. Ah mais elle était en dehors... Oui, jusqu'à ce qu'elle décide de faire le même saut que moi, mais complètement raté. J'en aurais ris si je n'étais pas de mauvaise humeur. Mon aura noir qui flottait à mes côtés allait bien avec la nuit. Elle était presque invisible. je dis bien presque... Alors qu'elle se levais et enlevait les feuilles de sa tête -c'était d'un pathétique- je posais ma main sur son épaule, le regard froid et hautain. Alors que le cri qui ne me fit rien -j'avais l'habitude avec mes employés qu'ils/elles se brûlent avec les bonbons encore chaud- je serrais mon emprise, lâchant d'une voix dur :

-What are you doing here ?

Et quand je parlais anglais dans cet état, ça ne voulais rien dire de bon. Because it's Forbid

[Pardon pour le petit poste TT]

C

What are you doing here ?

Well...'Can ask you the same question, can’t I ?!

D’après ce que je comprends, sa majesté souhaite que je m’en aille de son territoire ! Vous m’en verrez fort redevable si sa seigneurerie daigne m’accorder, dans sa grande bonté, un millimètre carré de son terrain !